Il est 9h47 en ce jeudi 23 avril. La tension monte, pendant que j’attends mon 1er invité pour le lancement de mon podcast « les Intelligences Collectives » !

À l’occasion de ce 1er épisode, j’ai eu la chance d’interviewer Gilles SCHACHERER, co-auteur du livre le « CO-DÉVELOPPEMENT  PROFESSIONNEL ». Je vous invite d’ailleurs à écouter l’interview passionnante de Gilles Schacherer, pour avoir des informations plus complètes sur les apports de cette technique de facilitation de l’intelligence collective !

En effet, ce que je vous propose ici est une synthèse de la partie processus et étapes de facilitation du livre en question.

 

 

Ce livre est avant tout un guide destiné au facilitateur de l’animation du cercle de CODÉVELOPPEMENT. C’est un travail de création sur l’Intelligence Collective réalisé par 4 auteurs : Fabien RODHAIN , Laurence MARGARITA, Odile DENAYER, Gilles SCHACHERER .

 

Edité en 2018, c’est le 1er guide de facilitation de cette approche née il y a quelques années de deux Canadiens Adrien Payette et Claude Champagne.

Vous entrez dans une salle. Des chaises sont posées en cercle au milieu de la salle. Vous ne voyez aucune table, aucun rétroprojecteur. Il n’y a que vous, entouré de vos collègues, et de vos pairs.

 

Copyright © Hadrien Photographie

 

Un facilitateur vous met tous à l’aise. Il est assis à vos côtés dans le cercle, comme tout le monde.

Avec cette disposition, il est impossible de se cacher derrière un bureau, un ordinateur ou tout autre objet. Ce qui peut être déconcertant, au début.

Ici, pas de chef, personne n’est mis en avant dans l’espace de la pièce. Le démarrage peut d’ailleurs sembler chaotique. Comment se fait-il que personne ne sache exactement pourquoi nous sommes là ? Pas de chef pour nous dire quels problèmes traiter ?

Bienvenue dans le voyage du lâcher-prise, de la confiance, de l’écoute et de la prise de recul.

Ouvrez les yeux, nous pouvons y aller !

1 – Posez un cadre de sécurité en intelligence collective

Avant tout, le facilitateur pose le cadre, en rappelant les 3 règles incontournables d’une séance. C’est l’ABC de la séance.

Copyright © Solene Noel Dupont

 


A comme Authenticité :
 Être authentique, ce n’est pas dire tout ce que l’on pense mais penser tout ce que l’on dit.

B comme Bienveillance : Si l’authenticité concerne le fond de que je dis, la bienveillance concerne sa forme.

C comme Confidentialité : Ce qu’il se passe dans le cercle est confidentiel. C’est une évidence, mais en avoir la certitude nous rassure.

2 – Le codéveloppement et son vocabulaire

Le client : C’est la personne que le groupe va tenter d’aider lors de la séance.

Les consultants : Ce sont tous les autres participants à l’exception du client et du facilitateur.

Le Facilitateur : C’est celui qui anime le groupe, il est garant du processus de facilitation.

Étape 0 : Choix du couple client / situation

Pourquoi cette étape ?

Elle est importante pour faire émerger les sujets et choisir le couple client / situation de la séance.
Elle dure entre 15 à 20 minutes.

Le facilitateur demande à chacune des personnes du cercle de présenter une situation particulière avec comme règle n°1 que la situation concerne directement et personnellement l’individu concerné. C’est ‘je’ qui incarne la situation.

En suivant la règle des 3 P, chacun peut ici énoncer soit un Problème, soit une Préoccupation, soit un Projet.

Attention, chacun se devra d’être concis dans la présentation de sa situation. Nous apprenons ici à aller à l’essentiel.

Le choix du couple client / situation de la séance se fait par le facilitateur qui s’appuie sur le positionnement et le goût des membres du groupe.

Étape 1 : Présentation du sujet pour le client 

Dans cette étape, le client expose son sujet de consultation pendant 5 à 7 minutes, 10 maximum. Il est important de délimiter le temps pour pouvoir rester centré sur l’essentiel.

Les consultants doivent être à l’écoute et accueillir sans interruption cette présentation.

Le facilitateur crée l’alliance autour du client. À la fin de la présentation du sujet, il cherche ensuite à obtenir du client la « manchette ».

Qu’est-ce que la « manchette » ?  Comme je ne connaissais pas ce terme, je vous donne ici l’explication issue du livre : L’idée clé est ici que le facilitateur tente de faire émerger une phrase simple, dans laquelle le client est présent.

Ceci n’est pas une manchette :

«  Tous les membres du codir doivent être respectés ».   C’est trop bateau, trop rationnel.

Ceci est une manchette :

«  Je refuse de monter sur le ring ».  Le client est à 100% associé à la situation. C’est une expression intuitive, car elle nous aide à comprendre comment le client se voit dans la situation.

 Étape 2 : Le questionnement en vue de la clarification

Cette étape dure entre 30 à 45 minutes.

Les consultants doivent poser des questions créatives et ouvertes à la situation du client. Il est important de varier les questions et les champs d’exploration.

L’objectif de cette phase est d’obtenir suffisamment d’informations sur la situation. On questionne pour aider la personne et non pas pour résoudre le problème de cette personne.

À la fin de cette étape, les consultants commencent à voir la situation au travers des lunettes du client. Ils pourront alors l’aider réellement.

Le client, quant à lui, répond directement aux questionnements de manière la plus authentique possible. Il fera cela tout en se respectant, c’est-à-dire en allant aussi loin qu’il le souhaite.

Ce temps de clarification permet au client de cheminer grâce aux questions des consultants.

Étape 3 : La contractualisation sur la demande. 

Étape allant de 5 à 20 minutes.

Après avoir beaucoup questionné et écouté, le groupe doit trouver un consensus autour de l’attente du client.

En effet, il n’est pas rare que le client évolue dans son expression de la situation après la phase de questionnements.

Le facilitateur l’invite à reformuler sa demande, à exprimer clairement ce dont il a besoin.

Après cette reformulation, les consultants ont la parole pour confirmer qu’ils sont ok avec la demande.

Étape 4 : La consultation.

Pendant 30 à 45 minutes, les consultants ont la parole. Le client accueille les idées et les échanges en silence, sans se justifier.

Cette étape n’est pas aisée pour le client, qui a très souvent envie de répondre. Il lui prendra l’envie de s’expliquer, de clarifier qu’il a déjà essayé ceci ou cela, de dire pourquoi cela ne marche pas. Pourtant, ici, on lui demande de garder le silence et de TOUT noter sans censure ni a priori.

 

Copyright © Hadrien Photographie

 

Après avoir posé des questions dans l’étape n°3, les consultants peuvent maintenant répondre librement à la situation du client.

Les consultants doivent cependant rester centrés sur le client et non sur eux-mêmes. Ils doivent comprendre qu’une bonne solution pour soi n’est pas forcément la meilleure solution pour l’autre.

On cherche ici à éclairer le client et non à résoudre la situation à sa place.

Les consultants offrent ici au client:

  • Leurs impressions
  • Leurs réactions émotionnelles
  • Leurs perceptions
  • Leurs suggestions
  • Leurs conseils
  • Des références, des méthodes, des livres pour le nourrir …

L’important est de fournir au client le plus de pistes de réflexions et d’actions possibles ! 

On ne cherche surtout pas le consensus sur une solution parfaite, l’idée ici est au contraire d’oser des points de vue ou des avis très divergents.

Étape 5 : Synthèse du client

C’est l’heure des choix.

Devant son listing d’idées, de suggestions, de feebacks etc … le client a environ 15 minutes pour synthétiser l’apprentissage qu’il a acquis de la séance et partager ce qu’il choisit de retenir comme pistes de réflexion et d’action.

Pour cela, le facilitateur laissera le client quelques minutes « dans sa bulle » pour lui permettre de faire le tri. Les consultants seront invités pendant ce temps à réfléchir chacun de leur côté aux apprentissages et apports de cette session. Ils les garderont pour faire évoluer leurs propres  situations.

Au moment de retourner dans le cercle, le client a la parole et partage son feedback aux consultants.

Aucune justification ne sera demandée au client, les consultants doivent accepter que leur idée géniale ne fasse pas partie des idées retenues par le client : il est seul expert de sa situation !

Étape 6 : Intégration des apprentissages et debriefing 

Pendant 15 à 30 minutes, une seule consigne sera donnée : être à l’écoute de soi-même et oser partager.

Chacun à son tour a la parole pour partager avec le groupe son vécu de la séance : Comment ai-je vécu la séance ? Qu’ai-je appris ? En effet, quel que soit son rôle lors de la séance, chacun peut en tirer quelque chose pour lui-même.

Cette étape est également importante pour améliorer les prochains cercles. Les retours de chacun sur les difficultés ou l’inconfort rencontrés permettront d’être attentif à certains points lors du cercle suivant pour évoluer vers une meilleure efficacité.

Étape 7 : Intégration des apprentissages et débriefing 

Cette étape pourrait être plutôt une étape 0, car elle a lieu au démarrage du prochain cercle. Elle permet en début de séance, d’avoir le retour du client précédent sur ses avancées, ses difficultés et ses succès.

En effet l’idée des cercles de développement est se retrouver entre pairs autant de fois que le nombre de personnes dans le cercle.

Chacun à son tour aura la casquette de clients et consultant. Le garant du bon fonctionnement de tout cela est le facilitateur, pièce-clé du processus de codéveloppement.

Si vous voulez en savoir plus sur les manières de faciliter ces cercles de codéveloppement, je vous invite à creuser tout cela dans le livre de Gilles Schacherer :

LE « CODÉVELOPPEMENT PROFESSIONNEL »

Et si vous êtes intéressé.e par ce sujet de l’intelligence collective dans sa globalité, n’hésitez pas à faire un tour sur le podcast et inscrivez-vous ici pour connaître les dernières nouveautés.