L’histoire de l’intelligence collective

Puisque l’intelligence collective existe depuis toujours chez nos ancêtres, j’ai toujours trouvé cette question bizarre.
» De quand datent les débuts de l’Intelligence Collective?  »

Mais un jour, Laurence, une auditrice de mon podcast ‘Les intelligences Collectives’ m’a poussée dans mes retranchements en précisant sa question : « Oui, mais je veux dire… Quand est-ce que cela a été théorisé et expliqué ? »

J’ai enfin compris le sens exact de sa question : elle voulait connaître l’origine de ce concept et savoir comment notre compréhension des mécanismes d’intelligence collective avait évolué au fil du temps.

Dans les années 1900, Sir Francis Galton, un statisticien anglais de renom se promène dans les allées de la foire agricole de Plymouth.

Il entend des éclats de voix, s’approche et observe un concours d’estimation du poids d’un bœuf.
Près de 800 personnes donnent une estimation en kilogrammes de l’animal.

Sir Francis Galton y voit une opportunité d’exercer ses compétences de statisticiens pour mieux comprendre la relation entre les estimations individuelles et l’estimation collective du groupe.

Il obtient les bulletins de participation auprès des juges et commence à les examiner un par un.

Le verdict tombe : l’estimation collective se situe à moins de 1 % au-dessus du poids réel de la bête !

Sir Francis Galton commence alors à parler du phénomène de la sagesse des foules.

En 1916, deux psychologues (un Français et un Américain) finalisent un test d’intelligence connu sous le nom de test « Binet-Simon ».
Vous savez, le fameux test qui permet de mesurer son quotient intellectuel ?

C’est une mesure de l’intelligence qui valorise surtout la capacité individuelle d’apprentissage et de raisonnement logique.

Ce n’est qu’un siècle plus tard, en 2010, qu’Anita Woolley et Thomas Malone, patron du MIT, mesurent enfin l’intelligence collective !

Ils parviennent à mesurer le QI collectif d’une équipe.

Ce quotient mesure le bon fonctionnement d’un groupe en testant différents paramètres : savoir donner des instructions, en recevoir, considérer des opinions différentes, être capable d’empathie etc.

L’hypothèse de départ était la suivante :

La somme de QI individuels incroyables, ce serait un QI collectif qui déchire !

L’intelligence collective devait refléter et amplifier les intelligences individuelles…

Mais, patatras ! Cela ne fonctionne pas du tout ainsi et Woolley et Malone font rapidement les constats suivants :

Les groupes majoritairement féminins sont plus intelligents que les autres !

En effet, les femmes ont plus de « sensibilité sociale’», c’est-à-dire de capacité à déchiffrer l’état d’esprit des autres en captant les non-dits et les signaux non verbaux.

Elles sont aussi plus sensibles à l’égalité du temps de parole.
Les hommes ont tendance à percevoir la prise de parole comme une affirmation de leur statut : certains parleront beaucoup plus et limiteront donc les possibilités de contributions du groupe.

Woolley et Malone arrivent à la conclusion suivante :

L’IC augmente avec l’intelligence émotionnelle des membres du groupe (et non avec leur QI !

Inventé en 1990 par des psychologues américains, le concept d’intelligence émotionnelle englobe la capacité d’écoute, d’empathie et de respect des contributions des autres.

Le QE (quotient émotionnel) détermine finalement la réussite sociale.
Le QI, lui, permet uniquement de prédire la performance scolaire.

Le QI collectif découle directement du QE de chacun des membres

On pourrait revenir sur notre calcul précédent et valider cette hypothèse :

La somme de QE individuels incroyables, c’est un QI collectif qui déchire (vraiment) !